Comment les pesticides affectent-ils le climat et l’environnement ? Étude des résultats de recherche de l’INRAE, de l’Ifremer et de programmes européens.

Avec l’utilisation des pesticides pour maintenir une production agricole élevée et un rendement optimal, on arrive à s’interroger sur leurs impacts sur notre environnement et plus largement, sur notre climat.
Pour découvrir les résultats de recherche de l’INRAE, de l’Ifremer et des programmes européens visant à réduire l’utilisation des pesticides, entrons dans le vif du sujet.
Introduction
Les pesticides sont des produits chimiques largement utilisés par l’agriculture intensive pour lutter contre les ravageurs et les mauvaises herbes.
Ils permettent d’accroître la production agricole sur une surface en terres réduite et de ménager la ressource sol.
Cependant, l’utilisation massive de ces produits phytopharmaceutiques peut avoir un impact négatif sur l’environnement et contribuer à un réchauffement climatique plus rapide.
La connaissance des impacts directs et indirects des pesticides sur le climat et l’environnement est vitale pour trouver des solutions viables pour les générations actuelles et futures.
Les impacts environnementaux directs des produits phytopharmaceutiques
Une expertise scientifique collective INRAE-Ifremer a été réalisée à la demande des ministères en charge de l’Environnement, de l’Agriculture et de la Recherche. Son objectif était d’évaluer les effets des insecticides, herbicides et fongicides sur le milieu naturel, le paysage et la biodiversité.
Cette étude a révélé que les concentrations en pesticides présents dans l’eau sont bien plus importants que ce qui était attendu. La majorité des pesticides sont dangereux pour divers organismes aquatiques, notamment les poissons, les amphibiens et certains oiseaux. Les concentrations élevées dans certaines zones pourraient même être nocives pour les humains.
En outre, selon cette étude, certains produits qui sont difficiles à dégrader peuvent migrer jusqu’aux nappes phréatiques et aux cours d’eau voisins, altérant ainsi la qualité de l’eau locale. Ainsi, il a été estimé que jusqu’à 30 % du produit est absorbé par le sol ou le système racinaire, ce qui peut entraîner des perturbations dans la chaîne alimentaire marine.
L’impact indirect de la production agricole intensive sur le changement climatique
Dans un rapport publié en 2018 par INRAE intitulé «Impacts économiques, sanitaires et environnementaux liés aux usages actuels et futurs des produits phytosanitaires», il est indiqué que la production agricole intensive est responsable à elle seule de 25 % des émissions globales de gaz à effet de serre (GES). Lorsque nous considérons les usages intensifs des engrais chimiques et des produits phytopharmaceutiques, il est clair que ce chiffre augmentera considérablement.
En effet, une étude menée par le service scientifique européen en 2014 s’est intéressée au rôle des pesticides dans le changement climatique. Elle a révélé que les trois principaux produits (Glyphosate, Atrazine et Carbaryl) représentaient la plus grande partie des émissions totales de GES associées à l’utilisation intensive des produits phytosanitaires. Par ailleurs, les herbicides utilisés pour la culture des céréales provoquent la prolifération d’insectes qui consomment plus d’énergie et relâchent donc plus de CO2 dans l’atmosphère.
Il a également été constaté que l’agriculture conventionnelle à grande échelle présente un meilleur bilan carbone et énergétique que l’agriculture biologique, ce qui signifie que la réduction de l’utilisation des pesticides ne débouchera pas sur une nette diminution des émissions de GES liées à l’agriculture.
Quels sont les principaux résultats de ces recherches ?
Les effets directs des produits phytopharmaceutiques sur la biodiversité et la santé humaine
Selon l’étude publiée par INRAE, l’utilisation continue et massive de produits phytopharmaceutiques peut avoir un impact néfaste sur la biodiversité et causer des problèmes de santé humaine.
Ces produits chimiques ont été mis en cause pour le déclin généralisé de nombreuses variétés végétales et animales, tandis que leurs effets nocifs peuvent se manifester à long terme chez les organismes terrestres et aquatiques.
Quelles solutions peuvent être mises en œuvre pour réduire l’usage des pesticides ?
La promotion du bio-contrôle, une alternative aux traitements chimiques intensifs
Le biocontrôle affecte principalement les organismes ravageurs, tels que les insectes, les mauvaises herbes et les champignons.
Il consiste à utliser des méthodes naturelles pour contrôler l’infestation et à appliquer des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement.
Le biocontrôle est un outil très intéressant car il est rentable et très peu toxique, ce qui pourrait réduire considérablement le recours aux produits chimiques dans l’agriculture de la zone européenne.
Développement durable : comment promouvoir une agriculture plus respectueuse de l’environnement
De plus, le programme LIFE de l’Union européenne, par lequel les agriculteurs bénéficient d’une subvention pour adopter des pratiques agricoles plus écologiques et durables, offre une solution viable pour réduire le recours aux produits phytopharmaceutiques.
En effet, ce programme encourage des pratiques agroécologiques qui visent à protéger la biodiversité et à maintenir la qualité des sol et eau, tout en assurant une production agricole régulière et suffisante.
En outre, ce type d’agriculture ne produit pas autant de gaz à effet de serre que la production intensive basée sur l’utilisation de pesticides.
Conclusion
En conclusion, il est essentiel que nous comprenions et appréhendions les impacts directs et indirects des pesticides sur le climat et l’environnement afin de limiter leur utilisation intensive par l’agriculture conventionnelle et d’adopter des pratiques agricoles durables respectueuses de l’environnement.
Des solutions possibles existent en terme de techniques de biocontrôle ou encore par l’utilisation des programmes tels que LIFE, qui peuvent aider à trouver des alternatives viables aux produits chimiques afin d’accroître la production agricole sans altérer durablement l’intégrité physique et biologique du milieu naturel.
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