La définition de “l’électricité verte” = c’est quoi ?
Technique, l’électricité verte répond à la définition suivante : elle est 100% renouvelable.
Les exemples sont nombreux, en voici quelques uns :
- biomasse
- biogaz
- solaire à concentration
- géothermie
- …
La finalité est de produire de l’électricité de manière non polluante, et de limiter les émissions de gaz à effet de serre.
Leur provenance : le vent, l’eau, le soleil, les déchets organiques, bref LA VIE QUOI.
Que des énergies disponibles et sans “limite” de quantité.
A quoi ressemble le marché de l’électricité aujourd’hui ?
Le marché de l’électricité verte se compose de 3 types d’acteurs :
- Ceux qui consomment l’électricité : vous et moi, tout le monde, à chaque fois qu’on allume une lampe ou qu’on branche un smartphone.
- Ceux qui produisent l’électricité : principalement EDF, Engie, Gazel Energie (ex-Uniper).
On les appelle les producteurs d’électricité, et sont propriétaires de centrales (fossiles, nucléaires ou renouvelables).
Leur rôle est de produire l’électricité que nous consommons.
- Ceux qui nous fournissent l’électricité : appelés les fournisseurs d’électricité.
Et là ils sont très nombreux ! EDF en fait partie également, avec sa double casquette.
Au-delà de vous commercialiser l’électricité (vous envoyer des factures), leur rôle est aussi d’assurer l’équilibre entre consommation et production d’électricité.
Pour ce faire, ils sont responsables de la mesure de la consommation d’électricité par leurs clients,.
Ils communiquent cette consommation directement aux producteurs.
Mais qui contrôle tout ça ?
Entre producteurs et fournisseurs se trouve la RTE, qui agit en cas d’écart entre électricité produite et électricité consommée.
La RTE est responsable de sanctionner ce non-respect des engagements, soit par le fournisseur, soit par le producteur.
Bien entendu, toute l’électricité est acheminée dans nos maisons et entreprises par un seul et unique réseau électrique, appartenant à l’État français.
Il s’agit d’un monopole d’état, ce qui permet un bon contrôle de la qualité et fiabilité.
Et c’est totalement logique écologiquement : en fabriquer un par acteur serait complètement stupide.
Comment je peux consommer de l’électricité verte si mon pays n’en produit pas ?
Comprendre la différence entre allocation géographique, et allocation contractuelle
Sur le papier, on se dit :
“Ben je consomme de l’électricité 100% renouvelable puisque j’ai payé pour un fournisseur d’électricité verte.”
Sauf que c’est pas aussi simple.
Car une fois l’électricité injectée dans les réseaux électriques : il devient impossible d’en tracer la source, d’en identifier le producteur.
Vous recevez de l’électricité, mais on ne sait pas si elle vient d’une grosse centrale à charbon, ou d’un tout petit parc éolien.
Il faudra donc bien distinguer allocation géographique ≠ allocation
L’allocation géographique : c’est l’électricité que j’utilise à travers le réseau électrique (chez moi), qui est alimenté par des centrales (qu’elles soient fossiles, nucléaires, ou encore renouvelables)
Forcément, cela dépend de mon pays, de son histoire, de ses choix en matière de politique énergétique etc.
Difficile d’agir dessus dans un contexte pareil :
- déménager dans un pays, voire une ville : qui serait alimentée localement par une centrale renouvelable,
- ou encore chercher à influencer politiquement son pays…
Pas simple, donc pas vraiment à portée de tous.
Il existe cependant une autre forme d’allocation : l’allocation par le système de garantie d’origine, qui va nous permettre de repousser les limites physiques (oui c’est une punchline bien putaclick)
Les garanties d’origine et leur aspect économique
Garantie d’origine, kézako ?
Vous allez voir, rien de très complexe.
C’est un papier (mais virtuel), comme un document électronique qui certifie la provenance de l’électricité, et son moyen de production.
Exemple : un MWh produit au fin fond de la Corrèze par un barrage hydroélectrique au mois de novembre.
L’allocation par le système de garantie d’origine va consister à allouer “sur le papier”, contractuellement donc, l’électricité verte qui a été payée au fournisseur.
Donc même si je ne consomme pas DIRECTEMENT de l’électricité qui provient d’une source d’énergie renouvelable : comme j’ai signé un contrat avec un fournisseur qui achète des garanties d’origine, alors on CONSIDÈRE que j’ai consommé de manière plus écologique.
En quelque sorte : vous investissez indirectement dans les énergies renouvelables. Car votre fournisseur sera amené à payer une garantie d’origine spécifique pour vous en faire bénéficier.
Tu aides à rémunérer davantage les producteurs d’énergie renouvelable.
MAIS, tu consommeras toujours la même chose que ton voisin (la source qui alimente le réseau de ton village / ta ville).
Pour le producteur : plus la garantie d’origine va avoir de la valeur, plus cela sera intéressant pour lui d’en commercialiser ! Donc plus il investira dans des moyens de production sur du renouvelable. Tadaaaaa.
Le nucléaire et les garanties d’origine
Aujourd’hui le nucléaire ne fait pas partie de ce grand mécanisme des garanties d’origine, pour une raison : la production de déchets radioactifs est un indicateur considéré comme important par la directive européenne pour délimiter l’impact environnemental.
Cet indicateur est présent, d’autres ne le sont pas.
Exemples :
- perte de biodiversité
- impacts sanitaires
- exploitation de ressources métalliques
Alors non le nucléaire n’est pas une source d’énergie renouvelable puisque la consommation d’uranium en est la base.
Mais sa capacité à produire de l’énergie bas carbone, contrairement aux centrales à charbon par exemple, rendent son utilisation vraiment meilleure à ce jour.
Il serait donc imaginable une offre de garanties d’origine similaire au renouvelable, mais pour le nucléaire, afin de soutenir cet axe, au détriment des énergies fossiles.
Le paradoxe des “doubles allocations”
En Norvège, une forte majorité de l’électricité produite vient de l’hydroélectrique. Cet hydroélectrique est fortement exporté par allocation contractuelle (garanties d’origines) environ 5 à 10 fois plus que ce qui est physiquement exporté (allocation géographique), sauf qu’en Norvège : il n’y a que peu de particuliers ou entreprises qui achètent des garanties d’origines.
C’est logique, si je juge que mon pays produit déjà de l’énergie renouvelable, je n’ai pas de raison de m’inquiéter sur ce point précis, et donc aucune raison d’investir dans un contrat d’électricité verte si je me considère déjà comme consommateur vert !
Sauf que : l’allocation contractuelle de la Norvège la place en majorité sur de l’énergie fossile, car l’hydroélectrique est contractuellement très exporté, réduisant très largement sa part.
Où est-il exporté ? En Allemagne, au Luxembourg, aux Pays-Bas principalement.
Ceux-ci vont donc être consommateurs de garanties d’origine et considérer qu’ils consomment “vert”.
Ce qui est FAUX géographiquement, mais VRAI contractuellement.
Donc pour 1 source d’énergie renouvelable, on a 2 populations (le pays producteur, et le pays qui se l’approprie contractuellement) qui s’en attribuent les mérites.
Vous voyez le paradoxe ?
Conclusion
Tous ces mécanismes d’allocation ont le mérite d’exister, permettent d’aller dans le bon sens.
Chaque consommateur se doit de se renseigner sur le fond, pour en garder en tête les limites (physiques vs contractuelles).
Car on a vite fait de conclure qu’un pays est “vert” parce qu’il le dit à la télévision. Donc je vous conseille d’éteindre la télévision.
Même si on ne consomme pas nécessairement ce qu’on voudrait consommer, à savoir de l’électricité “verte” : accorder l’importance et souscrire à un contrat d’électricité verte permet d’investir sur le sujet, d’en montrer l’intérêt des populations auprès des producteurs.
Car forcément, les entreprises finissent par s’adapter à la demande.
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